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Recyclage des déchets textiles, un modèle à réinventer

recyclage des déchets textiles, un modèle à réinventer

Environnement

Recyclage des déchets textiles, un modèle à réinventer

1,7 millions de tonnes de déchets textiles. C’est l’estimation ADEME de ce que nous produisons chaque année en France. Un défi colossal aggravé par l’arrivée de la fast fashion sur le marché français. De la collecte au recyclage en passant par le réemploi, l’ensemble de la filière dédiée à la gestion des déchets textiles est à bout de souffle.

Comment faire pour rendre la mode plus responsable ? C’était l’objet des réflexions menées par les professionnels de la filière TLC (Textile d’habillement, Linge de maison, Chaussures) le 6 novembre dernier, dans le cadre de la 5e Édition du Refashion Day.  

 

Le symptôme de la fast fashion

L’année 2024 affiche un nouveau record. 3,5 milliards de pièces neuves de vêtements, chaussures et linge de maison, ont été vendues sur le marché français, soit 10 millions chaque jour. Ce chiffre était de 2,5 milliards de pièces en 2014, soit une augmentation de 40% des mises en marchés en dix ans

Dans les années 90, l’arrivée de Zara puis de H&M marque le début de la fast fashion sur le marché français.  Depuis, le nombre de vêtements commercialisés atteint de nouveaux sommets chaque année. Les enseignes de la fast fashion renouvellent leurs collections plusieurs fois par saison, voire par mois. Jouant sur des prix défiant toute concurrence et l’attrait de la nouveauté, elles ont induit de nouveaux modes de consommation.  

Symbole de « la mode jetable » avec une surproduction de vêtements à bas coût et de mauvaise qualité, Shein est néanmoins plébiscitée par les consommateurs français. Au point que la France devient le premier marché européen de la marque chinoise. 

En quelques années, Shein a fait entrer notre pays dans l’ère de l’ultra fast fashion. À l’autre bout de la chaîne, les tonnes de vêtements placés au rebut s’accumulent sans débouchés pérennes. Selon une étude de l’ADEME de 2023, 1,5 millions de tonnes de déchets textiles, soit 88 % du gisement global, sont non-réutilisables et donc à recycler

 

Le principe du pollueur-payeur

Dans les faits, les marques sont responsables de l’impact environnemental des produits qu’elles mettent sur le marché et ce, tout au long de leur vie. Rassemblées en filière REP (Responsabilité Elargie du Producteur), elles financent Refashion, un éco-organisme chargé de faire évoluer les pratiques pour une mode plus durable. 

Refashion fonctionne sur le principe du pollueur-payeur. Pour chaque vêtement vendu en France, entre 2 et 20 centimes sont collectés sur le prix de vente. Une partie de cette éco-contribution est ensuite reversée aux acteurs de la collecte, du recyclage et du réemploi des vêtements. Elle a par exemple permis de collecter plus de 289 000 tonnes de pièces, l’année dernière. Soit 40 % de plus qu’en 2014.

 

Une filière à bout de souffle

Sur le terrain, cependant, le constat est moins reluisant. Dans les faits, deux tiers des déchets textiles échappent à la collecte et finissent aux ordures ménagères. Quant aux déchets textiles effectivement collectés, ils peinent à trouver des débouchés viables. Seulement 14,4 % sont réutilisés et 7,2 % recyclés, selon l’ADEME. En 2022, 90 % jugés aptes à la réutilisation étaient exportés, principalement vers l’Europe de l’Est et l’Afrique. Des filières d’exportation controversées et aujourd’hui saturées. 

 

Résultat ? 

Des bornes de textiles qui débordent et des stocks devenus ingérables. Au bord de l’asphyxie, les acteurs de la collecte protestent. En juillet 2025, le réseau Le Relais multiplie les opérations coup de poing pour alerter sur la fragilité du secteur. L’entreprise, qui assure 55 % de l’ensemble de la collecte sur le territoire, réclame une revalorisation de l’éco-participation de Refashion pour mener à bien sa mission.  

Malgré des aides exceptionnelles du gouvernement promises aux opérateurs de tri, avec une enveloppe de 49 millions d’euros pour 2025 et 57 millions d’euros pour 2026, l’ensemble des acteurs de la filière s’accordent sur l’urgence de repenser le modèle dans son ensemble

Refashion déclare vouloir agir à toutes les étapes du cycle de vie des textiles, de la production à la régénération en passant par la consommation.  En parallèle, le gouvernement a anticipé la refonte du cahier des charges de la filière TLC, initialement prévue pour 2027. 

 

Sources :

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