Valorisation
Publié le 07/05/2024
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L’industrie textile, à l’heure du recyclage
Le 18 mars dernier, à l’occasion de la Journée mondiale du recyclage, l’Ademe (Agence de transition écologique) a dressé le bilan des différentes filières de recyclage en France. L’industrie textile est loin de figurer dans le peloton de tête. Et pourtant, ce ne sont pas les déchets qui manquent ! Le gisement de déchets textiles est colossal et en accroissement constant.
Développement de la collecte, renforcement du tri, optimisation des filières actuelles de recyclage, recherche de nouvelles technologies de traitement, sont au cœur de la démarche de la filière REP textile en France. Créée en 2007 et pilotée par l’éco-organisme ReFashion, elle est chargée de la prise en charge des textiles, incluant les textiles d’habillement, les linges de maison et les chaussures issues des ménages, mais aussi les textiles techniques et professionnels ainsi que les déchets de production.
Le bilan actuel
Selon l’Ademe, les déchets textiles seraient de l’ordre de 1,7 million de tonnes en France. Dans ce gisement, 1,5 million de tonnes de textiles non réutilisables pourraient être recyclés. En réalité, seuls 110 000 tonnes le seraient. Il faut dire qu’en 2021, ReFaschion n’a collecté que 244 000 tonnes de déchets textiles, une quantité bien en deçà du potentiel total estimé. Il reste beaucoup à faire pour l’optimisation de cette filière REP ! Néanmoins, la situation pourrait évoluer très rapidement, dans la mesure où, à partir de 2025, la collecte de tous les déchets textiles deviendra obligatoire.
La filière ReFashion dispose de plus de 44 000 points d’apport volontaire où chacun peut aller déposer ses déchets textiles. Ceux-ci sont acheminés vers l’un des 66 centres de tri conventionnés, dont 51 se situent en France et 15 dans d’autres pays européens.
À l’issue de ce parcours :
- 57,9 % des textiles collectés sont réutilisés ;
- 32,1 % sont recyclés ;
- 8,7 % sont destinés à la fabrication de combustible solide de récupération ;
- 0,6 % sont éliminés avec récupération de chaleur ;
- 0,7 % sont éliminés.
La part des 57,9 % correspond aux marchés du vêtement d’occasion en France ou à l’étranger. En effet, il faut savoir que 37 % des produits réutilisables sont exportés en Afrique sous le code douanier « friperie ». Un débouché qui laisse à désirer du point de vue de l’empreinte carbone liée au transport.
Les trois méthodes de recyclage existantes
Sur le plan quantitatif, les débouchés permettant d’absorber le plus de matières premières textiles recyclées sont, actuellement, le secteur de l’isolation des bâtiments, les secteurs de la plasturgie et du recyclage chimique, l’essuyage, l’automobile et la filature.
- Chimique : les fibres textiles, constituées de polymères naturels (lin, latex, coton, etc.) ou synthétiques (PET, acrylique, etc.), sont dissoutes afin de séparer les monomères de la fibre. Un polymère recyclé est créé, avec les mêmes propriétés qu’un polymère vierge.
- Mécanique : après délissage (démantèlement des vêtements visant à supprimer les boutons, fermetures éclair, etc.), les textiles sont recyclés mécaniquement via le broyage, l’effilochage, le découpage ou le défibrage. Les fibres obtenues sont mélangées avec d’autres matières, intervenant ainsi dans la fabrication d’un nouveau produit.
- Physique : la séparation physique des textiles polyfibres utilise la densité différente de chaque matière pour les séparer. Elle sert par exemple pour des mélanges de coton-PET, coton-élasthanne, etc.
Il va de soi que l’impact environnemental de chacun des processus n’est pas neutre. C’est pourquoi, la réutilisation demeure le plus bénéfique pour l’environnement, hormis lorsque les vêtements usagés sont expédiés à l’autre bout du monde…
Refact : une nouvelle technologie prometteuse
De nombreux critères rentrent en ligne de compte pour recycler les textiles et aussi pour trouver des débouchés aux matières premières recyclées.
Le tri des textiles est une des problématiques, notamment, pour séparer les matières dont ils sont composés ou à cause des différentes couleurs.
L’innovation de Refact repose sur la capacité de son procédé à fabriquer des fibres textiles neuves à partir de vêtements usagés. Sachant que l’industrie de la mode est l’une des plus polluantes au monde, en matière de procédés de fabrication et d’empreinte carbone liés aux multiples transports, Refact présente un atout majeur qui va au-delà même de l’opération de recyclage.
À l’inverse d’autres filières qui recyclent du coton en coton, du synthétique en synthétique, Refact peut gérer des lots de textiles mélangés. Les textiles sont broyés et réduits en poudre, avant d’être soumis à un procédé chimique qui isole la cellulose des fibres des autres composants. Refact parvient à produire de la fibre de viscose recyclée qui peut servir à la fabrication de nouveaux vêtements, et qui, elle-même, est 100 % recyclable. Une véritable avancée technologie qui doit désormais passer l’étape de l’industrialisation du procédé !