
Environnement
Publié le 14/01/2025
Les déchets en France : Quelles quantités ? Quels traitements ? Quelles perspectives ?
Selon les derniers chiffres-clés publiés par l’Agence de la transition écologique (ADEME), la France a généré environ 310 millions de tonnes de déchets en 2022, soit 4,6 tonnes par personne. Ce chiffre correspond à l’ensemble des déchets, qu’ils soient produits par l’industrie, le BTP, les ordures ménagères, etc.
Quelle répartition ?
Les ménages sont à l’origine de 34 millions de tonnes de déchets, soit 500 kg/habitant, un chiffre qui a augmenté de 10 % au cours de la dernière décennie.
Les entreprises (hors construction) en ont produit 64 millions de tonnes, un résultat en baisse de 5 % en dix ans.
La construction, dont la production de déchets a enregistré une baisse de 20 %, reste le plus gros générateur de déchets avec 213 millions de tonnes de déchets.
Que deviennent ces déchets ?
Pour 96 % d’entre eux, ils sont traités en France :
- 64 % sont recyclés ou utilisés comme remblais ;
De fait, certaines industries utilisent de la matière recyclée (acier, aluminium, verre, carton...) dans leurs productions, à hauteur de :71 % pour la filière papier/carton, 63 % pour la filière verre, 50 % pour la filière aluminium, 43 % pour la filière ferraille, 14 % pour la filière plastique
- 28 % des déchets sont stockés ou enfouis ;
Un meilleur tri à la source augmente les potentialités de valorisation matière, ce qui permet de réduire les quantités de déchets enfouis (- 9 % entre 2021 et 2022).
- 8 % sont valorisés en production d’énergie.
Quelles actions ?
La loi antigaspillage pour une économie circulaire (AGEC)
Dans l’objectif de limiter la consommation de ressources et la production de déchets, la loi AGEC, en date de 2020, a mis en place un certain nombre de dispositifs comme :
- le Plan national de prévention des déchets 2021-2027 ;
- la création de onze nouvelles filières à responsabilité élargie du producteur entre 2021 et 2025 ;
- la généralisation du tri à la source des biodéchets ;
- l’interdiction progressive des produits et des emballages en plastique à usage unique ;
- la généralisation de la collecte des emballages plastiques dans le bac jaune ;
- un indice de réparabilité amené à évoluer vers un indice de durabilité ;
- l’extension du bonus réparation ;
- l’impression des tickets de caisse à la demande, qui représente une économie potentielle de 150 000 tonnes de papier par an.
Les 18e Assises nationales des déchets
Organisées depuis plus de trente ans, les Assises nationales des déchets se sont tenues le 3 octobre dernier, réunissant plusieurs centaines de participants, issus des entreprises (45 %), des collectivités locales (11 %), des associations (12 %), des administrations et organismes publics (15 %), autour de quatre débats :
- les risques et les opportunités de la sortie du statut de déchets ;
- les premiers bilans de la loi AGEC ainsi que l’évaluation et la gouvernance des REP ;
- la vision prospective et les limites du high-tech, dont l’IA, au service des déchets ;
- regards croisés et perspective à 2050 sur l’optimisation de la gestion des déchets par l’économie circulaire.
Ce dernier atelier a donné la parole à deux experts, de l’Ademe et de l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques). Forts de leurs études prospectives, leurs conclusions ne portent guère à se réjouir.
Peter Börkey, responsable de l’économie circulaire à l’OCDE, déclare ainsi : « La consommation de matières a été multipliée par sept depuis 1950, et elle devrait encore doubler d’ici 2060 avec l’évolution démographique et économique. C’est très inquiétant, car les impacts environnementaux sont quasiment proportionnels : les émissions de gaz à effet de serre devraient doubler, représentant cinquante gigatonnes à l’horizon 2060. Environ 12 % seront liés à la production de béton, et 10 % à la production des sept métaux les plus utilisés. Ce n’est pas soutenable, nous allons droit dans le mur. (…) Le recyclage est une bonne chose, mais ce n’est pas suffisant ».
Néanmoins, les deux experts soulignent une vraie prise de conscience sur les enjeux environnementaux et que nombre de politiques environnementales ont porté leurs fruits au cours des trente dernières années, c’est pourquoi, il faut continuer à se mobiliser. Ils s’accordent sur l’importance des politiques publiques pour faire évoluer le comportement des consommateurs. Peter Börkey, plaidant, de plus, pour des réformes fiscales axées sur la taxation des matières premières vierges et des subventions pour les matières recyclées.
Pour en savoir plus sur les 18e Assises nationales des déchets, vous pouvez consulter les comptes-rendus sur : www.assises-dechets.org
En conclusion globale, le meilleur déchet demeure celui qu’on ne produit pas !